Comment bien choisir l’assurance pour son restaurant ?
Sommaire
En France, il existe plus de 179 000 restaurateurs et une question revient régulièrement parmi les réseaux d’entrepreneurs : le choix de l’assurance. Faut-il vraiment souscrire une assurance professionnelle pour son restaurant ? Que couvre-t-elle précisément ? Quels sont les coûts moyens ? Et comment choisir la bonne formule parmi les toutes les offres disponibles sur le marché ? Pour vous aider, nous avons analysé en détail les principaux contrats proposés sur le marché afin de mieux cerner les garanties, les exclusions et les pratiques tarifaires.
À quoi sert concrètement l’assurance multirisque restaurant ?
Qu’est-ce qu’un contrat d’assurance multirisque professionnelle ?
Une MRP, c’est un contrat unique qui couvre votre responsabilité civile et vos biens (cuisine, aménagements, équipements, vitrines, stocks).
Elle prévoit également la perte d’exploitation pour couvrir le CA manqué et les charges fixes si un sinistre vous oblige à fermer provisoirement.
Cette approche « tout-en-un » évite l’empilement de polices hétérogènes, fluidifie la gestion des dossiers et garantit la reprise d’activité dans de bonnes conditions. Qu’il s’agisse d’un restaurant traditionnel, d’une brasserie ou d’une pizzeria, la logique est la même : couvrir les risques qui peuvent vous faire perdre de l’argent ou de la réputation.
Un secteur exposé : repères chiffrés
La restauration cumule des risques techniques, sanitaires et humains. Pour cadrer l’ordre de grandeur :
- ≈ 1 000 départs de feu par an en établissements de restauration, majoritairement en cuisine.
- > 30 000 accidents du travail chaque année (brûlures, chutes, coupures).
- 1 sinistre sur 5 lié à un dégât des eaux (fuites, infiltrations, flexibles).
- 97 % des restaurateurs déclarent être assurés, sous l’effet des exigences de bailleurs, banques et franchiseurs.
Ces chiffres expliquent pourquoi la combinaison « RC + biens + perte d’exploitation » n’est pas un luxe, mais une mesure de continuité d’activité.
Combien coûte l’assurance d’un restaurant ?
Le prix dépend de la surface, de la valeur des équipements et des stocks, du chiffre d’affaires, de la présence de gaz ou de friteuses, des mesures de prévention (ramonage, entretien des hottes, conformité électrique) et des activités annexes (vente à emporter, livraison). Dans la pratique, on observe des fourchettes de 400 à 2 500 € HT/an selon le profil.
Type d’établissement | Hypothèses | Prime annuelle | Mensualisé | Points d’attention |
---|---|---|---|---|
Petit restaurant (≤ 30 couverts) | 70–100 m², 2 armoires froides, CA ≈ 300 k€ | 800–1 200 € | 67–100 € | Entretien des hottes + attestation électrique = prime plus basse |
Pizzeria centre-ville | Four à bois/gaz, extraction contrôlée, 3 frigos, CA ≈ 450 k€ | 1 200–1 800 € | 100–150 € | Plafonds renforcés sur incendie et vitrine |
Brasserie 100 couverts | 120–150 m², tireuse, cave à vins | 1 300–2 000 € | 108–167 € | Sous-limites sur spiritueux et cave |
Food-truck | Itinérant, groupe électrogène | 450–900 € | 38–75 € | Périmètre géographique déclaré + stationnement sécurisé |
Trois leviers font baisser la facture : comparer plusieurs offres (comparateur/courtier), ajuster franchises et plafonds à votre risque réel, et documenter la prévention (ramonage, filtres de hottes, contrôles extincteurs, registre HACCP).
Est-il obligatoire de souscrire une assurance pour son restaurant ?
La multirisque n’est pas imposée par la loi, mais elle est très souvent exigée par les bailleurs, franchiseurs et banques pour sécuriser un bail, un prêt ou un contrat de franchise. La responsabilité civile d’exploitation/professionnelle, elle, est devenue un prérequis de fait dès lors que vous accueillez du public.
Côté réglementation, le respect des normes ERP (sécurité incendie, vérifications périodiques) est déterminant : à défaut, l’indemnisation peut être réduite ou refusée.
Les garanties essentielles… et les options utiles
La RC Exploitation/RC Pro constitue le premier pilier. Elle couvre les dommages corporels, matériels et immatériels causés à des tiers, y compris l’intoxication alimentaire (prévue d’office ou via extension). Les plafonds se négocient généralement autour de 3 M€, plus si votre exposition le justifie.
Viennent ensuite les dommages aux biens : incendie/explosion, dégât des eaux, bris de glace, événements climatiques, vol et vandalisme. Sur le vol, l’assureur demande souvent une alarme homologuée, des huisseries conformes et la preuve d’effraction ; ces exigences doivent figurer clairement au contrat.
La perte d’exploitation protège la trésorerie pendant l’arrêt d’activité. La durée d’indemnisation recommandée est 12 mois (parfois plus pour les établissements à forte saisonnalité). La franchise est exprimée en jours d’arrêt ; choisissez-la en fonction de votre capacité à redémarrer.
Trois compléments techniques deviennent rapidement indispensables en cuisine : la détérioration des denrées après panne de froid ou coupure EDF (avec seuils de température et justificatifs), les dommages électriques (surtensions/courts-circuits sur fours, friteuses, frigos), et le bris de machines si vous exploitez du matériel coûteux (four mixte, cellule, machine à café professionnelle).
Selon votre modèle, des options améliorent l’équation : la protection juridique pour les litiges clients/fournisseurs/bail, la couverture terrasse/extension extérieure si vous servez dehors, la garantie livraison (marchandise transportée et responsabilité des livreurs), et l’assurance cyber pour les caisses connectées et systèmes de réservation.
Les points de vigilance avant de signer
Commencez par les exclusions : défaut d’entretien (hottes non nettoyées, absence de ramonage), non-conformités électriques, vol sans effraction ou sans alarme conforme, intoxications sans traçabilité HACCP.
Étudiez les plafonds spécifiques par type de dommage : denrées en chambre froide, cave à vins, terrasse, vitrine, numéraires ; vérifiez qu’elles correspondent à votre activité.
Regardez les franchises (en euros) et les carences (en jours pour la perte d’exploitation).
Enfin, assurez-vous que les plafonds sont alignés sur votre chiffre d’affaires et la valeur de vos équipements afin d’éviter la sous-assurance.
Qui sont les acteurs du marché de l’assurance des restaurateurs ?
Le paysage se divise en trois familles, avec des positionnements assez distincts :
- Spécialistes CHR (courtiers/assureurs de niche) : étude sur site, garanties sur-mesure, suivi serré des dossiers sensibles. C’est la voie privilégiée pour les établissements très exposés (cuisine au gaz, grande capacité, contraintes ERP).
- Plateformes et néo-acteurs orientés TPE : souscription rapide, comparaisons multi-assureurs, gestion sinistres digitalisée. Idéal pour démarrer vite avec une bonne personnalisation à coût maîtrisé.
- Assureurs généralistes avec offres « métiers de bouche » : réseau d’agences, tarification lisible et garanties modulables, parfois moins granulaires sur des besoins très spécifiques.
Quelques noms que l’on rencontre souvent : cabinets spécialisés (Groupe CHR, Bessé, Albingia), comparateurs ou courtiers digitaux (Coover, les Furets), et compagnies généralistes (MAIF, Matmut Pro, MACIF, AXA, Groupama, Allianz, Generali, Gan).
FAQ
Non. La RC Pro couvre uniquement les dommages causés à des tiers. La MRP va plus loin en protégeant aussi vos locaux, vos équipements, vos stocks et votre chiffre d’affaires via la perte d’exploitation.
Certains assureurs vont demander une visite de risque préalable
La stratégie la plus efficace consiste à prouver la prévention (HACCP, attestations électriques, entretiens et ramonage), à comparer plusieurs offres avec un courtier, puis à ajuster la franchise sur les postes que vous pouvez absorber tout en conservant des plafonds cohérents.
Dès que quelques jours d’arrêt mettent votre trésorerie en tension, la perte d’exploitation devient essentielle. Une durée d’indemnisation de douze mois couvre la plupart des scénarios réalistes et sécurise vos charges fixes le temps de la remise en état.
Conservez contrats de maintenance, rapports de contrôle, factures d’équipements et de denrées, procédures HACCP et photos d’état des lieux. Ces documents accélèrent l’expertise et limitent les contestations.